Brodeurs aux mains d’or – fabrication artisanale au Pied de l’Himalaya

Catégories artisanat, broderie, Colors, coussin abstra, fait main, Natalia Franquet, voyage

coussin en laine brodé abstra one jaune

Il y a quelques mois, je suis partie en Inde. Dans la région du Cachemire, j’ai rencontré les hommes et les femmes qui brodent à la main mes coussins brodés ABSTRA. Un voyage aux sources de la création, d’un savoir-faire ancestral et de la fabrication artisanale.

 au pied de l'himalaya - rencontre avec mes brodeurs  au pied de l'himalaya - rencontre avec mes brodeurs

C’est la qualité de son travail qui m’a incitée à m’arrêter devant le petit stand de Zamir, perdu au beau milieu du gigantesque salon international de textilede Francfort. Ses coussins brodés en laine étaient le résultat d’un savoir-faire ancestral parfaitement maîtrisé. Nous avons échangé ensuite pendant un an, toutes les semaines, pour parler des dessins et des couleurs possibles. C’est ainsi qu’est née ma première collection de coussins actuellement disponible sur mon site. Il y a quelques semaines, j’ai décidé de me rendre dans le nord de l’Inde, au Cachemire, afin de rencontrer ces brodeurs aux mains d’or.

Un art maîtrisé… sur le bout des doigts

C’est la famille de Zamir qui m’a accueillie et logée. L’atelier, une grande pièce entourée de fenêtres, se situe au deuxième étage de la maison. La vue magnifique se perd au loin sur les crêtes de l’Himalaya. Le printemps arrive et avec lui le chant des oiseaux et plus impressionnant encore, le cri des aigles. Suspendues aux murs, les bobines de fils de laine très colorées donnent un air festif au lieu. Dans l’atelier, les hommestravaillent dos à la fenêtre, assis sur des tapis et entourés de coussins, tout en discutant. Leurs mains brodent avec la cadence tranquille des gens qui connaissent leur métier. Pendant la pause, ils prennent le thé et se détendent les mains au-dessus de paniers de cendres chaudes. Parfois, en fin de journée, ils allument le narguilé.

    

Dessinateurs de pères en fils

Le papa de Zamir appartient à une génération de dessinateurs. Il a hérité de ses ancêtres les très complexes motifs floraux ou géométriques qu’il reproduit sur des tissus, des rideaux, des coussins… Même si l’atelier dispose du WiFi et de toute la technologie de pointe – appareil photo, ordinateurs –, il continue de travailler avec un crayon et une règle selon les techniques apprises de ses parents. Des calculs l’aident ensuite à reproduire son dessin à l’échelle demandée.

au pied de l'himalaya - rencontre avec mes brodeurs

Transmission de savoirs

Ici, les familles sont fières d’appartenir à une confrérie. La maman de Zamir transmet elle-même à d’autres femmes le métier. Celles-ci vont et viennent dans l’atelier pour récupérer le tissu et la laine qu’elles emportent chez elles et qu’elles rendront une fois l’ouvrage brodé. Un jour, pour me faire plaisir, les gens de l’atelier ont renversé sur le tapis des centaines de petites boules de laine colorées correspondant aux nombreux essais de teintures réalisés pour répondre aux exigences de chaque dessin. J’ai ainsi passé un long moment au milieu de toutes ces couleurs, aussi excitée que je l’étais, enfant, lorsque je rentrais dans un magasin de bonbons…

Le choix des couleurs - collection abstra   le choix des couleurs - au pied de l'himalaya

Sur la route des tisserands

En compagnie de Zamir, j’ai rencontré les familles qui utilisent des méthodes de fabrication artisanale, et tissent sur d’antiques métiers mes écharpes et mes plaids en laine. Couleurs franches, jeux d’ombres et de lumières, cliquetis des machines, générosité des habitants… Au pied de l’Himalaya, j’ai aussi puisé l’inspiration.

  fabrique de briques - terra cota - au pied de l'himalaya

Avec Zamir, mon guide, nous rejoignons les contreforts de l’Himalaya. Au fur et à mesure que la route grimpe, les maisons se font plus rares et laissent place aux cultures. Je savoure la beauté et les ondulations du paysage qui s’ouvre sur des rizières plantées en terrasse. En cette fin d’hiver, les arbres fruitiers sont encore dénudés et la couleur de la terre bien visible. Elle tourne parfois au rouge et je devine qu’elle sert de matière première pour la fabrication des briques. Bientôt, le printemps donnera un vert éclatant au paysage. Devant nous se dressent les hautes montagnes enneigées de l’Himalaya.

  

De fil en fil

Zamir m’emmène à la rencontre des tisserands qui confectionnent nos belles écharpes et nos plaids en laine. Sur le bord de la route, nous nous arrêtons devant une petite ferme où des vaches gardent l’entrée. Le bruit des machines à tisser nous mène jusqu’au hangar où des hommes surveillent les navettes qui glissent de chaque côté du métier à tisser, prêts à intervenir si le moindre fil casse. En haut de l’escalier, le maître nous accueille. Nous nous asseyons sur le tapis, à la mode locale, pour discuter quantités et qualités. Nous sommes entourés des colis contenant les écharpes déjà tissées et qui seront livrées un peu plus tard chez le teinturier.

  

Techniques ancestrales

Toujours en compagnie de mon guide, je reprends la route en direction d’un minuscule hameau. Ici, chaque maison cultive son jardin potager. C’est dans l’une de ces demeures qu’habite la famille de tisserands qui a travaillé sur ma dernière commande. Dans un petit hangar, je découvre les métiers à tisser. Vestiges d’une autre époque, ils possèdent le charme et la robustesse des machines entièrement mécaniques.

  

Que la lumière est belle…

L’atelier est silencieux, c’est la pause-déjeuner. Je suis subjuguée par la lumière zénithale qui éclaire chaque métier à tisser et laisse le reste de la pièce dans la pénombre. La machine la plus impressionnante est le métier Jacquard. Ses cartes perforées qui vont créer des tissages très élaborés semblent flotter dans l’air. À l’étage supérieur, je découvre une armée de cônes de laine : les fils sont déroulés et guidés dans l’espace avant d’être positionnés les uns à côté des autres dans la chaîne qui s’enroule. Celle-ci sera ensuite disposée dans le métier à tisser et c’est le passage de la navette entre les fils qui permettra de bâtir la trame et de créer l’étoffe.

de fil en fil au pied de l'himalaya   

Des liens se tissent…

Le maître des lieux nous invite à prendre le thé et à faire la connaissance de sa famille. De nouvelles conversations s’engagent lorsque la grand-mère apparaît et demande la permission de m’apporter un cadeau. Elle revient bientôt avec un sachet rempli d’amandes et de noisettes de son jardin. Je suis émue et sous le charme. La qualité de ces gens se retrouve dans les étoffes qu’ils tissent avec le plus grand soin. Beauté de la simplicité et grandeur d’âme.

au pied de l'himalaya